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Hommage à Clément Doaré

Portraits

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30/10/2025

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Par Jacques NAQUET (E61)



Lorsque, Cécile, sa fille, m’a annoncé sa disparition brutale à la suite d’un accident qui avait provoqué une fracture de bassin suivie d’une forte hémorragie, que les médecins n’avaient pu stopper, ce fut une surprise totale et l’incompréhension, suivie de l’émotion et d’une immense tristesse. En effet, il avait surmonté récemment une maladie grave qui avait nécessité 3 mois d’hospitalisation dans les hôpitaux parisiens les plus renommés et dont il était sorti, grâce aux compétences exceptionnelles des chirurgiens et médecins, qui l’avaient soigné. Et voilà qu’il perd la vie 6 mois plus tard à la suite d’un « banal » accident, alors qu’il prenait un peu de repos dans son chalet de SAMOËNS !!


J’ai connu Clément comme beaucoup de nos camarades à l’entrée à l’Ecole des Mines en 1961 ; tout de suite le courant est passé entre nous et nous sommes rapidement devenus amis. Nous l’aimions tous, car il nous irradiait de ses qualités multiples : sa gentillesse, sa culture, son ouverture d’esprit, son intelligence et aussi sa curiosité et son envie d’apprendre par la lecture ou le contact avec les autres. 


Retraçons les étapes de son exceptionnel parcours de vie : il nait, le 3 avril 1941, à Ferryville en Tunisie, où son père était officier de marine et où son enfance sera marquée par les bombardements. Le retour en France a lieu en 1945 en passant par Marseille avec sa mère et son frère avant de gagner Brest, où il passera sa jeunesse et y fera ses études primaires et secondaires, obtenant de nombreux prix d’excellence avec des prix, comme une formation au pilotage. Très studieux, il était également sportif et pratiquait la voile avant de s’initier au pilotage des planeurs, à la voltige et même au parachutisme. Il passait les étés dans les fermes de la famille où il surveillait les vaches, barattait le beurre ou fauchait les champs. Puis ce sera la période des classes préparatoires à Rennes au lycée Chateaubriand. Il est reçu à l’Ecole des Mines de Saint-Etienne en 1961, où il choisira l’option Sidérurgie, animée par le sous-directeur de l’Ecole, Claude GOUX. C’est pendant ces années d’Ecole à Saint-Etienne que la plupart d’entre nous feront sa connaissance et que nous deviendrons amis, une amitié qui va perdurer pendant 64 ans. Cet homme apparemment tranquille et discret nous surprendra par sa finesse d’esprit, ses connaissances prodigieuses, qu’il s’emploiera pendant toute sa vie à compléter et, aussi, par son dynamisme incroyable dont il faisait preuve en   participant à diverses activités sportives (rugby, ski,…) et culturelles (acteur dans la Revue, figurant au théâtre de la ville,…), ainsi que par la solidarité qu’il avait pour ses camarades. Nous sommes nombreux à avoir gouté avec plaisir ces moments à la maison des élèves ou dans les sorties organisées par l’Ecole (balades géologiques, séjour de ski,…).


Il fera son service militaire dans les transmissions des chasseurs alpins à Grenoble, où il concevra un système de radio-transmission, qui lui vaudra une proposition de recrutement par les militaires.

C’est le 24 avril 1965 qu’a lieu un évènement considérable : son mariage avec Denise, stéphanoise, dont il avait fait la connaissance lors d’un bal de l’Ecole. Elle sera l’amour de sa vie ; ils partageront des grands moments de bonheur dont la naissance de leurs deux enfants Cécile et Vincent, mais aussi ils affronteront avec courage plusieurs évènements marquants (la disparition en mer du frère de Clément et de son épouse, ce qui le conduira à accepter d’être tuteur de ses deux neveux, une période de chômage de près de 4 ans,   ….). En 2009, Denise décède à la suite d’une grave maladie. Ce sera pour Clément et ses enfants un immense chagrin, qui va orienter toute leur vie future. Lors des obsèques, Clément a dédié à Denise un magnifique hommage, intitulé « Être d’Amour ».


C’est ensuite une longue et belle carrière qu’il va effectuer dans l’industrie. Elle débute dans la sidérurgie à Grenoble où lui sont confiées des recherches sur des métaux rares.  Puis il reviendra à Saint-Etienne, recruté par les Forges Stéphanoises, qui prendront ultérieurement l’appellation de SAM Outillage ; il y sera chargé de la mise en place de l’informatique, du contrôle de gestion et des achats. Il obtiendra d’excellents résultats, ce qui permettra d’assurer le développement des 3 sites de l’entreprise à la satisfaction de sa direction. Pendant les années 70, il est simultanément sollicité par IBM pour participer à des groupes de travail sur la structuration de bases de données.

Il savait écouter, comprendre les motivations des gens et les aider à progresser. Il croyait beaucoup dans la transmission des connaissances.

C’est ainsi qu’il a donné des cours de gestion aux syndicalistes de SAM Outillage, afin qu’ils puissent comprendre les résultats et avoir des revendications, qui permettent de faire évoluer l’entreprise.


Malheureusement la détérioration des conditions économiques en région stéphanoise va provoquer une triste période de chômage, au cours de laquelle il s’emploiera à accroître ses connaissances par la lecture de textes appropriés et il aura enfin la possibilité de transmettre son savoir en acceptant un poste de professeur à l’ISTP, où, pendant 10 ans( 1995-2005), il dispensait des cours d’informatique, de mathématiques, de stratégie d’entreprise, de management et de gestion et, en tant que tuteur, il parcourait la France pour rendre visite aux apprentis et suivre l’avancement de leurs projets dans les différentes entreprises. Cela lui vaudra d’être promu Chevalier des Palmes Académiques.

Il n’est pas possible d’évoquer le parcours de Clément sans parler de son attachement et de sa foi en notre chère Ecole des Mines. Dès l’Ecole il a joué un rôle important en s’impliquant dans les différentes structures où il était possible de la promouvoir. C’est ainsi qu’après Yves DALOD, également camarade de notre promo, il est devenu Délégué Général de l’Association des anciens élèves des Mines de St-E. de 2005 à 2012. J’ai eu le plaisir de le côtoyer à INTERMINES à Paris pendant cette période et j’y ai particulièrement apprécié sa détermination à défendre les intérêts de notre Ecole. Ce n’était pas facile et jamais il n’a cédé. Il faut aussi dire qu’il a, grâce à sa volonté, obtenu avec quelques autres la décision de construire une nouvelle maison des élèves à La Métare, ce qui, depuis, fait le bonheur de nos jeunes camarades ; il en était très fier et il a tenu à nous faire visiter ce lieu emblématique lors de notre réunion de promo de 2022. Il faut aussi signaler son implication dans le retour à l’uniforme, dont nous profitons aujourd’hui lors des remises de diplômes et que nos jeunes camarades apprécient.


Enfin, nous ne pouvons oublier son action essentielle, pour conforter les liens entre membres de notre promo, grâce, surtout, à l’organisation des rencontres que nous avons eues à partir de 2004 tous les deux ans jusqu’en 2022. Nous avons ainsi parcouru l’hexagone avec nos épouses et découvert les richesses régionales de notre beau pays, grâce à l’implication de plusieurs de nos camarades sous la conduite de notre président André CHESNOY, mais le chef d’orchestre était notre cher Clément, qui nous a permis ainsi de conforter une amitié, née dès notre passage à l’Ecole.

Pour cela et pour beaucoup d’autres joies que tu nous as données nous devons te remercier très chaleureusement, cher Clément. Nous ne t’oublierons jamais, ni ta chère Denise. Nous vous aimions tant.

A Cécile et Vincent, vos enfants, et à toute votre famille, nous voulons dire que nous partageons leur peine immense et nous leur présentons nos très sincères condoléances.




                                                                          ***********

La grande amitié qu’ils lui portaient a conduit plusieurs camarades à proposer ce bouquet de souvenirs :


André CHESNOY (Président promo 61) : comme pour plusieurs Camarades de la promo 61, ma relation avec ce cher CLEM s'est nouée lors des vacances de janvier pendant lesquelles le BIG nous amenait au ski. Quels merveilleux souvenirs !!! Clément est revenu grisé par le ski et la montagne, à tel point, qu'il s'y était attaché par son chalet de Samoëns, où il vivait, dans le calme et la simplicité, des jours heureux, qui lui allaient si bien. Merci pour tout ce que tu as fait dans ta vie pour tisser ces nombreux liens d'amitié entre nous tous, à l'Ecole et pour notre Association d’Alumni de Saint-Etienne.                                                                                                                                 Nous t'en sommes profondément reconnaissants.                                   

                                                                 

Jacques DARET (E61) : Nos souvenirs communs d’école tournaient autour de l’équipe de rugby de la promo, de son incarnation du Professeur Géry lors de La Revue des Elèves, de son rôle actif dans le groupe des Bretons. Le choix des options avait fait diverger nos routes, même si, à l’occasion de difficultés professionnelles, que nous avions tous deux connues, nous nous étions un peu retrouvés.                                                                                                 Et puis, les rencontres régulières des retraités de la promo 61 nous ont permis d’apprécier sa gentillesse, sa disponibilité pour l’Association, l’attention qu’il portait aux autres et sa grande culture. Nous associons à nos pensées Denise, son épouse, dont le départ avait bouleversé sa vie.    


Jean-Claude DESBORDES (E61) : comme beaucoup de camarades, j'ai découvert Clément lors de nos rencontres de retraités. Alors j'ai apprécié ses qualités humaines et, en particulier, son souci de solidarité avec notre promotion. Ainsi, quand il m'a confié qu'à l'Ecole il avait passé un examen oral à la place d'un camarade en difficulté, je n'ai pas été étonné ni scandalisé.   Il avait la même stature de menhir que ce camarade et ce qui lui avait le plus coûté, avait été de porter, pour renforcer la similitude, les lunettes du remplacé qui n'étaient pas du tout à sa vue.      


Michel PLANTIVE (E61) : Sans l'avoir connu avant, j'ai tout de suite sympathisé avec Clem au sein du groupe informel dit "des Bretons". C'était un "tous terrains" à l'aise sur la mer comme en montagne ou dans les airs (parachutiste), dans les domaines culturels ou pratiques, et, surtout, remarquable de simplicité et d'écoute des autres. Avec André Chesnoy, nous avions le grand plaisir de pouvoir le rencontrer régulièrement ces dernières années lors de ses séjours parisiens.               

Maurice VEILEX (E61) :   Il est difficile d'évoquer une amitié de près de 64 ans. Je me limiterai donc à des souvenirs où apparaissait le caractère jovial, ouvert à la discussion, à l'affut des nouveautés mais déterminé de Clément. Pendant la scolarité à l'Ecole des Mines nous avons passé avec quelques camarades notre brevet de parachutiste avec un saut mémorable au-dessus du lac du Bourget et avec Clément nous avons testé nos talents de comédiens en étant figurants à l'Eden, qui était le seul théâtre à ST-E. Les opéras la vie de Bohème, Aïda, etc….  n'avaient aucun secret pour nous.  Notre ultime occupation en commun a été l'organisation en septembre 2022 de notre dernière réunion de promo dans le Forez. Pour la préparation de cette rencontre, nous avons parcouru la plaine du Forez et j'ai pu apprécier ses compétences en œnologie peaufinées par son adhésion au club œnologie des Mines.                                                                                                                                                                  La promo 61 vient de perdre son catalyseur.     

 

 


 

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